Être explicite à propos des compétences contribuera à résoudre le problème de la productivité au Canada
Robert Luke, président-directeur général, eCampusOntario
Les préoccupations au sujet de la faible productivité du Canada ont pris de l’ampleur et de nombreux auteurs proposent des pistes pour améliorer la productivité et le rendement en matière d’innovation. Le Canada est à la traîne des autres économies avancées depuis des décennies. Pour résoudre ce problème de longue date, nous devons simplifier la discussion.
La cause profonde de nos problèmes de productivité peut être attribuée à la manière dont nous enseignons et apprenons de nouvelles compétences. C’est la saison de la collation des grades : les nouveaux diplômés savent-ils quelles compétences ils ont acquises dans le cadre de leur programme? Les employeurs savent-ils comment utiliser ces compétences? L’explicitation des connaissances tacites aidera les nouveaux diplômés et leurs employeurs à améliorer la productivité du Canada.
Le tabouret à trois pieds de la productivité : l’investissement n’est pas un coût
Le débat sur la productivité se heurte à l’opacité de la situation. Il est probable que la plupart des propriétaires d’entreprise, lorsqu’ils considèrent la productivité, n’aient qu’une vague idée de ce que cela signifie pour leurs résultats. Nous devons reformuler la question de manière à ce qu’elle ait un sens.
Pour simplifier les choses, imaginez la productivité comme un tabouret à trois pieds. Les trois pieds représentent les investissements du Canada dans les domaines suivants :
- Recherche et développement (R et D);
- Nouveaux équipements et technologies;
- Éducation et formation.
Les entreprises canadiennes sous-investissent dans ces trois domaines par rapport aux moyennes internationales. Le Canada a un petit tabouret, mais d’autres pays (et leurs entreprises) en ont un beaucoup plus élevé. Rallonger les pieds de notre tabouret nous permettra d’être compétitifs sur le plan international. Le pied le plus important du tabouret? L’éducation et la formation. Les entreprises ne peuvent pas effectuer efficacement la R et D ou adopter de nouvelles technologies si leur personnel n’est pas correctement formé.
Pensez à l’IA : son utilisation dépend des trois pieds du tabouret. L’IA est à la fois un sujet et un produit de R et D. C’est aussi une nouvelle technologie que nous devons adopter à grande échelle dans l’économie. Comprendre comment tirer parti des nouvelles technologies comme l’IA nécessite de l’éducation et de la formation. Les compétences en conception de produits, en gestion de projet et en présentation, ainsi que la compétence humaine d’adaptabilité, sont au cœur d’une R et D réussie. Ces mêmes compétences sous-tendent la capacité d’intégrer les nouvelles technologies dans les lieux de travail.
Il est impératif d’enseigner ces compétences. Le perfectionnement de la main-d’œuvre grâce à l’éducation et à la formation ciblées aidera les entreprises à étudier de nouvelles technologies, à créer des produits et des services et à découvrir des innovations en matière de ventes et de marketing pour aider les entreprises canadiennes à être compétitives.
Les compétences sont à la base de la productivité
Il est encore plus important de s’assurer que les apprenants reconnaissent quand ils pratiquent et acquièrent ces compétences. Cela signifie qu’il faut être explicite sur les compétences spécifiques que les gens acquièrent grâce à un programme d’études. Certains programmes le font déjà; les établissements d’enseignement supérieur, en particulier, veillent à ce que les résultats des programmes soient clairement énoncés. Cependant, les résultats obtenus à l’issue d’un programme de premier cycle constituent un niveau d’entrée dans le domaine d’études. Cela signifie que les employeurs doivent investir pour s’assurer que les employés continuent à développer leurs compétences in situ.
Lorsque les apprenants sont conscients des compétences qu’ils ont acquises, ils sont mieux en mesure de les mettre rapidement en pratique. Le fait de pouvoir transformer les connaissances tacites sur les compétences acquises en connaissances explicites aide les nouveaux venus sur le marché du travail à mieux utiliser les compétences qu’ils ont acquises. Cela les aidera à utiliser ces compétences de manière plus efficace et plus rapide. Les compétences sont à la base de la productivité. Pour résoudre nos problèmes de productivité, il est essentiel de veiller à ce que les diplômés puissent mettre en œuvre plus rapidement les aptitudes et les compétences qu’ils ont acquises.
Soutenir la prise de risques, l’innovation et l’entrepreneuriat grâce à des partenariats privés et publics
Les collèges, universités et instituts autochtones du Canada forment la prochaine génération de citoyens qualifiés. Ces établissements ont accès à des équipements de pointe et peuvent les mettre à la disposition des entreprises. Les entreprises qui s’associent à des établissements postsecondaires ont accès aux nouvelles technologies ainsi qu’à ceux qui apprennent avec celles-ci. Les partenariats de recherche – qui vont de la recherche fondamentale et appliquée au développement expérimental – permettent aux entreprises de prendre des risques calculés et d’apprendre par la pratique avec des étudiants et des professeurs qui font exactement la même chose.
Les partenariats entre les entreprises et l’enseignement supérieur favorisent une culture de la prise de risque, de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Ces partenariats favorisent la collaboration et la commercialisation; ils appuient la croissance et l’expansion des entreprises canadiennes. Lorsque les étudiants s’engagent dans des partenariats de recherche par l’apprentissage intégré au travail, ils acquièrent des connaissances cruciales en matière d’innovation, tout en aidant les entreprises à croître et à prospérer. De l’intrapreneuriat à l’entrepreneuriat, les compétences pour l’innovation sont mieux acquises dans un contexte d’application. Ces étudiants obtiennent leur diplôme et deviennent des demandeurs et des créateurs d’emploi.
De la transformation numérique à l’atténuation des risques liés à l’innovation
eCampusOntario aide nos membres à adopter la transformation numérique pour relever les défis de l’éducation au 21e siècle. Nos micro-titres de compétences axés sur l’IA et nos plateformes de partenariat de R et D permettent aux collèges, universités et instituts autochtones d’aider les employeurs à atténuer les risques liés aux trois pieds du tabouret. Pour en savoir plus, consultez le site https://vls.ecampusontario.ca/fr/dx/.
Le Canada dispose de forces et de possibilités dans les secteurs émergents, tels que l’intelligence artificielle, la biotechnologie, l’informatique quantique et l’énergie propre. Ces secteurs ont le potentiel de créer des emplois, de résoudre des problèmes de société et de stimuler la croissance économique.
Nous devons être explicites quant aux compétences qui nous permettront d’y parvenir. Cela aidera les entreprises canadiennes à résoudre des problèmes de productivité de longue date et à être plus compétitives dans l’économie mondiale. Aider les entreprises canadiennes à investir dans le tabouret à trois pieds de la productivité permettra de renforcer l’innovation.
À propos d’eCampusOntario
eCampusOntario, un organisme sans but lucratif financé par la province de l’Ontario, est à la tête d’un consortium de collèges, universités et établissements autochtones publics pour développer et tester des outils d’apprentissage en ligne afin d’encourager l’utilisation des technologies de l’éducation et des environnements d’apprentissage en ligne.